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Festival de jazz d'Ottawa 2025

Sexmob

sam. 21 juin 2025
Studio Azrieli
Centre national des Arts

Steven Bernstein – Trompette

Briggan Krauss – Saxophone

Tony Scherr – Contrebasse

Kenny Wollesen – Batterie

Toujours en plein essor et en pleine évolution 27 ans après sa formation, le visionnaire quatuor Sexmob continue de repousser toutes les idées préconçues sur la nature d’un groupe de jazz instrumental. Issus de la scène de la Knitting Factory au milieu des années 1990, le trompettiste Steven Bernstein, le saxophoniste alto et baryton Briggan Krauss, le contrebassiste Tony Scherr et le batteur Kenny Wollesen ont changé la donne avec leur groove et leur rythme bruts et improvisés, leurs arrangements inventifs à l’infini et leur sens de l’humour désopilant. Ils font preuve d’une grande exigence musicale et dépassent allègrement toutes les frontières rigides entre les genres et les goûts. Depuis leur premier album, Din of Inequity, en 1998, ils ont entretenu l’un des liens artistiques les plus durables et les plus importants de leur époque, une alchimie de quatuor, souvent avec des invités, qui conserve toute sa fraîcheur et sa capacité à surprendre. « À ce stade », a déclaré NPR First Listen, « Sexmob est un idéal collectif. »

Pour ses concerts, Sexmob n’établit aucune liste de chansons. Une chanson n’a pas simplement un début et une fin, suivie d’applaudissements. « Cela ne s’est jamais produit en 25 ans », déclare Bernstein. Au lieu de cela, les fidèles passionnés viennent écouter un groupe qui prend des risques perpétuels, dans la tradition du regretté Don Cherry, dont l’idée de collage musical et de « commencements sans fin » reste le premier principe.

De même, Sexmob ne fait pas que reprendre les chansons des autres. Comme l’a dit Bernstein, il les transforme à sa façon. Sur Din of Inequity, on y entend Prince, Leadbelly, Ellington, Hoagy Carmichael, The Cardigans, La Macarena et bien d’autres. Sur Solid Sender (1999), il y a Nirvana, les Stones, les Dead, ABBA et Ellington. Et comme sur le premier album, il y a aussi des pièces originales de Bernstein. Sur Theatre & Dance (2000, également avec Jim Black à la batterie), le groupe pose un regard soutenu sur les pièces dansantes d’Ellington. Puis, sur Sex Mob Does Bond (2001), il aborde la musique de film de John Barry et présente la riposte originale de Bernstein, Dr. Yes.

En fait, Bernstein et ses amis font ce que les musiciens de jazz ont fait depuis le début : ils interprètent des chansons populaires à leur manière. Ce faisant, ils innovent au niveau de la forme, de la structure, des arrangements et de la recomposition, domaines dans lesquels Bernstein se distingue également en dehors de Sexmob. « Le jazz était plus bruyant que n’importe quelle autre musique de son époque; il était joué sur un plan plus psychédélique que le vaudeville ou le ménestrel moyen », déclare un jour Bernstein au journaliste Ted Panken. « C’est ce que j’essaie de faire avec Sexmob. »

Même la conception et l’imagerie des pochettes des albums du groupe sont d’une qualité supérieure. C’est sans doute le cas de Dime Grind Palace, l’album de Sexmob lancé en 2003 sur l’étiquette Ropeadope, qui met en vedette le regretté tromboniste Roswell Rudd, ainsi que Peter Apfelbaum et Doug Wieselman, les collègues de Bernstein au sein du Millennial Territory Orchestra, que Bernstein a formé en 1999. Scott Harding, alias Scotty Hard, a apposé sa marque indélébile à la production de Dime Grind Palace, comme il l’avait fait pour Din of Inequity, Solid Sender et Sex Mob Does Bond.

Des années plus tard, Harding et le groupe se réunissent dans un nouveau cadre, collaboration qui donne naissance à The Hard Way, album résolument électronique, lancé en mai 2023. Wollesen joue de la batterie acoustique et électrique, tandis que le groupe se plonge dans les rythmes et les paysages sonores électroniques de Harding pour les réinventer. Le pianiste, compositeur et récipiendaire de la bourse MacArthur, Vijay Iyer, est invité sur You Can Take a Myth, afin de saupoudrer des aigus soutenus et des harmonies abstraites sur la basse lourde de Scherr au fur et à mesure que se déploie la composition. John Medeski (de Medeski Martin & Wood) ajoute à la perfection des accords d’orgue et la phraséologie du blues sur Banacek. Il opère aussi une magie atmosphérique avec le mellotron, en contrepoint des échantillons évocateurs de balafon de Harding, sur Planeta.

Dans tous les contextes méthodologiques, l’esthétique de Sexmob reste désinhibée et fidèle. Pour l’innovante série Blue de l’étiquette Thirsty Ear en 2006, le groupe enregistre Sexotica, réinterprétation dans le genre de l’album Exotica de Martin Denny avec un important travail de post-production de Danny Blume et Chris Castagno, l’équipe de studio connue sous le nom de GoodandEvil. On trouve également sur la même étiquette l’album Sex Mob Meets Medeski : Live in Willisau 2006, qui met en scène le maître de l’orgue dans une vaste exploration du répertoire bien-aimé de Sexmob. En 2013, le quatuor retourne une fois de plus au cinéma avec Cinema, Circus & Spaghetti (Sexmob Plays Fellini : The Music of Nino Rota), et en 2017, il lance Cultural Capital, premier album de Sexmob entièrement composé d’œuvres originales de Bernstein. « Comme dans les meilleurs films », déclare Abe Beeson de KNKX à propos de Cultural Capital, « il y a de l’humour, de l’intrigue, de la confusion, de la tristesse, de la passion et un groove toujours présent. »

Sur chaque album, et certainement sur The Hard Way et son riche rythme électro-acoustique, Bernstein et son équipe proposent une impulsion modernisatrice, mais aussi un ancrage tout aussi solide dans les racines du jazz et de la chanson américaine. Leur immersion dans un large éventail de musiques contemporaines est cohérente avec la propre expérience caméléonesque de Bernstein aux côtés de Lou Reed, Levon Helm, Hal Willner, Sam Rivers, Bernie Worrell, Henry Butler, U2, Little Feat et une foule d’autres légendes. À la fois funky, bluesy, avec une dissonance altérée évoquée par le ton guttural du saxophone de Krauss et marquée par le gémissement distinctif de la rare trompette à coulisse de Bernstein, Sexmob continue de tracer de nouvelles voies dans la musique créative du XXIe siècle.